Ne jamais laisser vos enfants seuls


Conséquence directe des déployés de corps réalisés pour Icône, et 
après un intense travail de mise au point technique, voici une première 
installation réalisée dans un matériau qui n’a pas l’habitude d’être 
manipulé avec tant de liberté. 
Pourquoi cette focalisation soudaine sur ce matériau, alors qu’en général 
la matière ne semble jamais être ni un point de départ, ni un enjeu 
pour Pascal Bauer ? 
Le PVC souple calandré est principalement utilisé pour réaliser des 
jouets ou des publicités gonflables. Il évoque un monde d’ersatz fragiles 
et jetables, vulgairement et doucereusement oniriques, d’une 
schématisation extrême, voire logotype. Des figures auto-centrées, 
dont la grossière fabrication amplifie la candeur. 
L’intuition première, selon l’artiste, était de faire de ce matériau le point 
central d’un antagonisme entre ces valeurs et des scènes d’une violence 
latente ou effective, empreintes du réalisme de l’instant photographique 
et en dualité avec un extérieur non vu mais impactant. 
L’installation prend la forme d’une mise en garde ambiguë. Les personnages 
hauts de moins d’un mètre sont autant de petits soldats ivres 
de rage prêts à se soulever, déjà en train de se soulever peut-être, 
contre un quelconque ordre établi. Cette armée met-elle en danger 
vos enfants parce qu’elle leur serait hostile, ou parce qu’elle peut en 
représenter le devenir ? 
Ces personnages mesurent approximativement la moitié de la taille 
d’un être humain. Ils sont nus et ont le visage déformé par un cri, une 
grimace, une tension palpable. Ils s’avancent, vindicatifs, les poings 
serrés, manifestant ainsi une crispation, une tension irrésolue, prête à 
exploser : ces personnages sont gonflés à bloc. Leurs sutures apparentes 
en font des descendants modernes de la créature de Frankenstein. 
Techniquement, ce sont des impressions photographiques sur PVC. 
Pour que les impressions rendent avec justesse le volume des corps, 
il a fallu, à l’opposé des fabrications usuelles de ce type, fragmenter 
l’image et produire ainsi de nombreux morceaux de PVC correspondant 
à un patron complexe, recomposé ensuite par soudure. La technique 
n’existant pas en dehors du procédé industriel (soudure par haute 
fréquence), il a fallu l’inventer. 
Cette précision technique participe au sens de la pièce : celle-ci est une 
somme de fragments difficiles à faire tenir ensemble. Ces petits clones 
de l’artiste ne sont pas seulement des corps recomposés. Ils sont des 
corps violemment recomposés, dont la marque de fabrique (la suture) 
est laissée apparente, comme pour signifier leur caractère brut, le nonlisse, 
le non-raffiné, le non-poli. Il ne s’agit pas d’enfants sages. À leur 
apparente lourdeur, à la pesanteur que leurs corps affichent s’oppose 
leur consistance légère, presque aérienne. Et le regard du spectateur 
ne cesse d’osciller entre le jouet inconséquent et l’armée de clones 
post-apocalyptiques.
As a direct outcome of the Icône body roll-outs, and after some 
intense work to perfect techniques, this was an initial installation 
produced in a material not commonly handled with such freedom. 
Why the sudden focus on this material, whereas matter usually 
never appears to be either a starting point or an issue for Pascal 
Bauer? 
He explains to us that calendered flexible PVC is mainly used to 
make toys or inflatable advertising. This material evokes a world of 
fragile, disposable ersatz, coarsely and suavely dreamlike, with an 
extreme over-simplification or even logotype. Self-centred figures 
whose crude production amplifies their ingenuousness. 
According to the artist, the initial intuition was to make this material 
the central point of an antagonism between these values and 
scenes of a latent or effective violence, borrowed from the realism 
of the photographic instant and in duality with an invisible but 
striking exterior. 
The installation takes the form of an ambiguous warning. The characters 
standing less than 40" tall are like so many little soldiers 
drunk with rage ready to rise up, already rising perhaps, against 
some established order. Does this army threaten your children 
because it is hostile to them, or because it represents what they 
will become? 
These characters are naked and their faces are contorted by a 
cry, a grimace, a palpable tension. They advance, vindictive, fists 
clenched, revealing a state of tension that is unresolved, ready to 
explode. They are raring to go. Their visible stitches make them 
modern descendants of Frankenstein’s creature. 
Technically these are photo prints on PVC. To make the prints 
accurately portray the volume of the bodies, it was necessary to 
fragment the image, contrary to standard jobs of this type, and 
then produce many pieces corresponding to a complex pattern, 
later reconstructed by welding. As the technique does not exist 
outside of the industrial process (high-frequency welding) it had 
to be invented. 
This technical precision adds to the meaning of the piece: it is a sum 
of fragments that are difficult to hold together. These little clones 
of the artist are not just reconstructed bodies. They are violently 
reconstructed bodies, whose trademark (the stitching) has been 
left visible, as if to highlight their rough, uneven, unrefined and 
unpolished character. These are not well-behaved children. Their 
bodies show an apparent heaviness and weightiness at odds with 
their light, almost ethereal consistency. And the spectator’s gaze 
wavers constantly between the inconsequential toy and the army 
of post-apocalyptic clones.