En 2004, je travaillais sur des photos de corps que je torturais sur
Photoshop. L’une des distorsions que je leur faisais subir consistait
à déployer la surface d’un corps pour n’en garder que la peau,
tel un écorché dont on aurait étalé la surface. De ce travail, je ne
conservais finalement qu’un visage.
En 2010, je me suis remis sur cette manipulation dont il résulte
une opposition entre la représentation d’un corps vivant et
l’image de mort qu’elle véhicule. À la figure ainsi obtenue, j’ai
souhaité apporter une dimension nouvelle en comprimant les
chairs derrière une vitre, qui est autant celle d’une conservation
aseptisée, que celle sur laquelle l’enfant se défigure d’une grimace
baveuse. Ce n’était pas encore suffisant. Au niveau de la
nuque, il fallait, pour que le déploiement de la peau soit logique,
la fendre d’une façon ou d’une autre. Je choisis de réaliser de
fines bandelettes rayonnantes, qui évoquent l’aura christique
que l’on retrouve sur un grand nombre d’icônes. À ce stade, la
dorure à la feuille s’imposait naturellement. J’expérimentais avec
les techniciens « assermentés » la mise sous Diasec de cette dorure.
La technique du Diasec, comparable à une mise sous verre,
enrichit la nature du projet d’un éclat particulier de l’image, en
cohérence avec la vitre évoquée précédemment. Ce travail se
poursuivra dans le futur.
In 2004, I was working on photos of bodies that I tortured on
Photoshop. One of the distortions I put them through consisted
of unfurling the surface of a body to just keep the skin, like a
cut-away that had been flattened. In the end I only kept one face
from this work.
In 2010, I went back to this manipulation, which resulted in an
opposition between the representation of a living body and the
image of death it conveys. I wanted to add another dimension
to the resulting figure by compressing the flesh behind a sheet
of glass, which is as much that of sterile preservation as the one
where a child makes a slobbery grimace. It was not enough. To
make the unfurling of the skin logical, the nape needed to be slit
one way or another. I chose to make radiating thin spokes, evoking
the Christ-like aura you find on a large number of icons. At that
stage, gold leafing seemed only natural. I experimented placing
this gold finish under Diasec with the "official" technicians, as
the Diasec technique is comparable to glass plating, enhancing
the nature of the project with a special glow from the image,
consistent with the glass plate mentioned above. This work will
continue in the future.
Icône (p. 80-83), 2010. Photomontage rehaussé à la feuille d’or sous Diasec.
90,5 x 120,5 cm.
Photomontage finished in gold leaf under Diasec. 35.62 x 47.44".