Objets d’ego 


he first work that premised Ego Objects dates from 1993. It’s the 
response to a request for a seat design, as part of a design exhibition. 
The problem was that I had absolutely no desire to sit down. That 
refusal gave birth to an ambiguous object, a "bourgeois" milking 
stool, for which I rapidly sought a model to appropriate it for its 
true identity. 
The ensemble was entitled Un moment de détente. 
I realized the significance of this natural negation quite quickly. Our 
Judaeo-Christian culture undoubtedly instils a duty to justify our NO, 
whereas the YES requires no argumentation. Our social integration 
calls for this acceptance, demands a passiveness to the point of resignation. 
The YES is the basis of consensus, which permits the group’s 
cohesion, but it is the weakness that enables abuse of power. The YES 
is deaf, dumb and blind; it has no need for meaning or intelligence. 
The YES is dumb. 
The NO is the refusal of prevailing ideas, the refusal of standardization, 
the refusal of habits. It is basic nonconformism, contradicting 
good intentions, sullying good consciences, claiming responsibility 
for the deed, denigrating the confessional. 
The NO is not flawless. It can be stupid and violent, but that is often 
because it is improvised. The NO is reactive, instinctual and demands 
time to develop and analyse itself. Its duty is to find reasons to be, it 
is demanding, analytical, trying to understand and define itself. The 
NO is a choice, an individuation. It is the fruit of dissatisfaction, the 
basis for the creative process, its inscription as a succession of what 
was. It is the consequence of the intelligence that takes us forward. 
Ego Objects, although part of this stance, has the particularity of 
focusing on the immediate as the starting point. These are objects 
arising from moments we’ve experienced, situations suffered or to 
which I added my own dose of stupidity, phrases overheard and the 
annoyance these circumstances inflicted on me. Like the little things 
that are or cause bigger things, each of these pieces is loaded with a 
tissue of meanings and antagonism, which are and cause my pleasure, 
while stigmatising the targets of this NO on another scale. 
The stool for milking cows, a minimalist and proletarian seat if ever 
there was, has now become middle class. A high-ranking technocrat 
satisfied with a coarse, unnatural form of recycling, wears it like a 
sign of misplaced virility. His position weakens him but it contains 
this fragility by way of a pose. Despite the incongruity of his position, 
he stares at and through us and adopts a lofty attitude, full of 
thoughtlessness, hence shallowness.
La première oeuvre qui esquisse Objets d’ego date de 1993. C’est une 
réponse à la demande d’une conception d’assise, dans le cadre d’une 
exposition de design. Le problème qui se posait était que je n’avais absolument 
pas envie de m’asseoir. De ce refus, naquit un objet ambigu, 
un tabouret à traire, « embourgeoisé », pour lequel je cherchais très 
vite un modèle qui puisse se l’approprier à sa juste identité. 
L’ensemble prit l’intitulé Un moment de détente. 
Je pris assez vite conscience de l’intérêt de cette négation naturelle. 
Sans doute y a-t-il dans notre culture judéo-chrétienne un devoir à 
se justifier d’un NON, lorsque le OUI ne demande aucune argumentation. 
Notre intégration sociale réclame cette acceptation, exige 
une passivité qui va jusqu’à la résignation. Le OUI est la base du 
consensus qui permet la cohésion du groupe, mais il est la faiblesse 
qui engraisse les abus de pouvoir. Le OUI est aveugle, sourd et muet, 
il n’a besoin ni de sens, ni d’intelligence. 
Le OUI est con. 
Le Non est le refus des idées dominantes, le refus de l’uniformisation, 
le refus des habitudes. Il est l’anticonformisme premier, la contradiction 
des bonnes intentions, la souillure des bonnes consciences, la 
revendication de l’acte, le dénigrement du confessionnal. 
Le NON n’est pas sans défaut. Il peut être bête et violent, mais c’est 
souvent parce qu’il est improvisé, le NON est réactif, il est pulsionnel 
et réclame du temps pour se construire, s’introspecter. Il a le devoir 
de se donner des raisons d’être, il est exigeant, s’analyse, cherche 
à comprendre, se définit. Le NON est un choix, une individuation. Il 
est le fruit de l’insatisfaction, la base du processus de création, son 
inscription en succession de ce qui était. Il est la conséquence de 
l’intelligence qui porte à l’évolution. 
Objets d’ego, tout en s’inscrivant dans cette posture, a la particularité 
de s’intéresser à l’immédiat comme point de départ. Ce sont 
des objets qui sont nés d’instants vécus, de situations subies ou auxquelles 
j’apportais mon propre lot de bêtise, de phrases entendues 
et de l’énervement que ces circonstances m’ont infligé. Comme les 
petites choses sont, ou font, les grandes, chacune de ces pièces s’est 
chargée d’un tissu de sens et d’antagonisme qui sont, et font, mon 
plaisir et qui stigmatisent les cibles de ce NON à une autre échelle. 
Le tabouret à traire les vaches, assise minimum et prolétaire s’il en est, 
s’est embourgeoisé. Un technocrate de haute volée, satisfait d’une récupération 
canaille et dénaturée, le porte comme une virilité mal placée. 
Sa situation le fragilise, mais il contient cette fragilité par une posture. 
Malgré l’incongruité de sa situation, son regard nous fixe, nous traverse 
et prend une hauteur pleine d’inconscience, donc d’inconsistance